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Mémoires d'un détenu.

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Mémoires d'un détenu. Empty Mémoires d'un détenu.

Message  Ariane Sam 19 Sep - 21:32

J’ouvre les yeux. Noir. Je referme mes yeux. Noir. Je les rouvre. Noir. Ai-je perdu la raison ? Ou la vue ? Ou...

On me pousse. Une voix grave, négligée, qui dégouline de crasse retentit.


« Eh toi là, pousse-toi !
-Pouvez-vous me dire où sommes-nous et qui êtes vous, de premier abord ?
-Haha encore un crétin qui veut nier la réalité. Eh mon gars, ici on est des durs, des vrais !
-Cela ne m’avance à rien, répondis-je avant de penser « Mais je suis tombé où ? … »
-T’es en prison mon pote ! Ici on a commis les plus grands délits du monde ! Hein, Narg ?
-Mais… dis-je en coupant la parole au dénommé Narg .
-Essaye pas de te justifier. C’est chiant à la fin tout ces imbéciles qui veulent faire croire qu’ils sont innocents. »


Je baissais la tête. Inutile d’essayer de parler à des truands. Il n’y a qu’à moi et que je pouvais demander ce qui s’était passé et quel crime j’avais commis. Je me poussais à temps pour éviter un coup rageur de criminel désirant affirmer son pouvoir sur le petit nouveau que j’étais. Je fis un examen sommaire de mon état. J’avais des courbatures un peu partout et je croyais sentir quelques coups de fouet de mon dos. Ah oui, et un violent mal de crâne. On a dû m’assommer.

Je tends l’oreille. J’entends des gémissements plaintifs. Quelqu’un qui gratte le sol. Des rats qui courent autour de nous. Des bruits de pas assez éloignés qui doivent appartenir aux gardes. Quelqu’un qui tremble. Dans un coin, trois personnes semblent enchaînés alors qu’elles n’ont rien à leur corps. Enchaînés par le désespoir, sûrement. Un mort aussi.
Mes yeux s’habituent tant bien que mal à la pénombre mais je réussis à sentir les présences des gens autour de moi. En fait je sentais bien des choses. Comme un sixième sens. La plupart des gens ont des habits déchirés et moisis. Même moi je sentais des ouvertures dans mes vêtements, à l’endroit où suintait du sang de mes plaies. Il y avait là aussi des enfants. Des vieillards. Des gens de tous âges en fait. Un bébé se mit à pleurer dans les bras de sa mère qui tentait de l’apaiser. Apparemment il n’y a pas que des truands.

Par les trois portes ici filtrent des lumières pâles et sans force. On voit un garde posté devant chacune. Des bruits de pas se rapprochent d’un d’entre elles. Un bruit de pas assez important. Environ 5 personnes. Mais qu’est-ce que les gardes peuvent bien avoir à faire de nous, prisonniers pitoyables ? La porte s’ouvre, les gardes entre, celui à la tête tient une lanterne. Ils avancent, un air méprisant sur le visage. La lumière éblouit tous les détenus et en attire certains comme des papillons de nuit vers une source de lumière. Un piège redoutable. Celui à la lanterne passe sa main dans sa poche et en sort des clés qu’il fait tournoyer dans sa main. Etrange. Il ouvre la porte et sa troupe rentre en nous bloquant l’accès à l’extérieur. Sur leur visage, on voit une expression terrifiante, visant à semer la peur parmi les prisonniers. Une expression de rage, de haine et d’envie. Ils avancent vers les prisonniers qui se collent sur les murs froids et sales de la prison. Les rats s’enfuient, nous laissant seuls. Ils saisissent trois femmes par les bras, les tirent vers le haut pour les forcer à se lever et les examinent. Ils font glisser leurs mains avides sur leurs formes, les palpent. Finalement ils les emmènent de force vers une autre porte qui doit mener sur les quartiers différents. Ils doivent assouvir leur faim.

Peu après, on entend un bruit d’habits qui se déchirent puis deux cris suivis de paroles de contentement échangées entre gardes. S’ensuivit des petits cris accordés de gémissements résonnant avec concordance avec des tapes sur les corps. Ils devaient s’en donne à cœur joie…
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Message  Ariane Dim 20 Sep - 23:02

Après ce qui me parut une éternité, ils revinrent et jetèrent leurs victimes au centre du demi-cercle que nous formions, tandis qu’un des gardes, un nouveau à voir son visage encore tout-sourire de l’expérience qu’il venait de vivre, disposait la nourriture, plus abondante et plus soigneuse qu’habituellement puis-je lire sur le visage des personnes présentes. Ils se jetèrent tous avidement sur la nourriture, devant les yeux ébahis des rares personnes encore civilisées. Je n’eu pas le temps de saisir la moindre part du pain aux teintes verdâtres que ces « animaux » avaient déjà tout mangé…

Cette démonstration de sauvagerie terminée, leurs regards aussi avides que ceux des gardes se tournèrent vers les deux pauvres femmes prises par les gardes recroquevillées dans leur coin, leur convoitise excitée par leur nudité atteignait son paroxysme. Les gardes contemplaient la scène avec amusement, un air amer sur le visage, le goût de la victoire « intellectuelle » sur les animaux qu’ils nous considèrent. Les femmes rampèrent par instinct vers l’arrière, mais ne trouvèrent qu’un mur. Néanmoins, malgré le fait qu’un garde vraiment amusé lança un glaive vers chaque camp, ceux qui prenaient la défense des femmes et ceux qui les désiraient absolument, et que les sauvages attrapèrent les deux armes, certains fous de la civilisation et de la galanterie s’interposèrent. Dont moi…

Je me retrouvais avec un état de conscience précaire, une fatigue insoutenable et une faim terrible face à un solide, étrange en prison, gaillard armé d’un glaive, parfaitement habitué à la prison et prêt à tout pour la femme qui se trouvait derrière moi. Le pire, c’est que j’avais l’impression que mes leçons de combat glissaient hors de ma portée et s’amusaient à me narguer. Mais je devais m’accrocher à chaque bout de civilisation encore possible ! Enfin, dès la première seconde je me retrouvais à terre d’un coup dans le ventre. Quel beau tableau je devais faire… J’attrapais les jambes de l « animal » qui courait, le faisant basculer à l’arrière en me recevant un beau coup de coude en plein front. Ce n’allait pas être sans douleur… Une forte douleur au bras me ramena à la réalité. En expert, il avait profité de mon inattention pour m’attraper le bras et me le tordre dans le dos pour me plaquer face contre terre.

Et le monde disparut dans un rai de lumière blanche…
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